Pour son bicentenaire, la "note bleue" de Chopin résonne en peinture,
01.03.2010, 16h4 ,
George Sand et Eugène Delacroix entendaient une "note bleue" dans la musique de Frédéric Chopin (1810-1849): c'est elle que le Musée de la vie romantique à Paris tente de retrouver en évoquant par l'art pictural le séjour en France du compositeur, né il y a 200 ans.
"Frédéric Chopin, la note bleue", ouverte au public à partir de mardi, est l'une des deux expositions du bicentenaire organisées dans la capitale, avec celle qu'accueillera la Cité de la musique du 9 mars au 6 juin ("Chopin à Paris, l'atelier du compositeur").
Le Musée de la vie romantique, où sont présentés jusqu'au 11 juillet quelque 90 peintures (Corot, Courbet...), sculptures, dessins (Ingres) et objets, et même un piano Pleyel 1843 que Chopin a joué, est le lieu rêvé pour honorer le compositeur franco-polonais.
C'est dans cette charmante maison de la rue Chaptal (IXe arrondissement) que le compositeur et son égérie George Sand, venus en voisins du square d'Orléans, aimaient à se rendre, à l'invitation du maître des lieux, le peintre d'origine hollandaise Ary Scheffer. Ici se croiseront Liszt, Rossini, Berlioz, tous ceux qui feront de Paris la capitale européenne du romantisme musical.
Le couple Sand-Chopin y venait le vendredi soir, en compagnie d'Eugène Delacroix, autre habitant du quartier. La première salle de l'exposition contient d'ailleurs un portrait du compositeur par le peintre réalisé en 1838, prêté par le musée du Louvre.
"Cette toile est assez sublime parce qu'il y a là une incandescence. C'est un portrait transparent et nocturne", explique Jérôme Godeau, l'un des commissaires de l'exposition. "Le piano de Chopin, c'est une couleur: nous avons essayé d'en capter les reflets", ajoute-t-il pour résumer son projet.
Même dans cette huile sur toile où le marron domine, "la note bleue résonne", comme l'a écrit George Sand, qui y voyait "l'azur de la nuit transparente" ("Impressions et souvenirs", 1841). Cette note bleue qui parcourt les "Nocturnes", certains "Préludes", la "Berceuse" ou encore la "Barcarolle" de Chopin, le visiteur la retrouve dans trois lavis montrant des femmes au clavier, en particulier dans "L'Amoureuse au piano" de Delacroix.
Plus globalement, l'exposition évoque les 18 dernières années de la vie de Chopin, à partir de son installation à l'automne 1831 dans cette France qui sera désormais son pays. La première demeure parisienne du compositeur est évoquée dans "Le Boulevard Poissonnière, effet du matin" peint par Isidore Dagnan: impossible de ne pas y voir l'aube de la carrière d'un musicien bien décidé à conquérir Paris.
Des portraits de divas comme la Pasta, la Grisi et la Malibran évoquent la passion pour l'opéra de Chopin, dont le piano était chant. A travers plusieurs tableaux, on imagine ce dandy briller dans l'intimité des salons, lui qui fuyait les concerts publics -- il n'en donnera qu'une vingtaine dans toute sa carrière. Chopin qui avait, dit-on, un vrai talent d'imitateur, de portraitiste: cela passa par sa musique bien sûr mais aussi par une petite "Tête d'homme" (1839) dessinée au crayon par ses soins.
Le voyage ne serait pas complet si l'exposition n'emmenait pas le visiteur à Nohant (Indre), le domaine bucolique de George Sand, dont le Metropolitan Museum de New York conserve une belle évocation du jardin, verte et feuillue, par Delacroix.
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