À travers une centaine d'oeuvres pleines d'humour et de dérision, le Centre Pompidou rend hommage à Arman, figure majeure du Nouveau Réalisme.
«Ramasser des choses, en faire des tas, des séries... Déjà tout gosse, j'accumulais des cailloux...». Une voix raconte ses rêves d'enfant. C'est celle d'Armand Pierre Fernandez, né en 1928 à Nice. Pendant huit ans, il travaille avec son père, commerçant, dans les amas d'objets, de boîtes et de cartons. Jeune, il voulait être peintre, comme Van Gogh. Tel son maître, il signe ses oeuvres de son prénom, devenu «Arman» à la suite d'une faute typographique sur une affiche. L'exposition du Centre Pompidou comprend sept sections thématiques correspondant aux territoires créatifs de l'artiste. La première expose ses peintures abstraites, inspirées par Jackson Pollock et Yves Klein. Très vite, il abandonne les pinceaux pour les tampons d'encre du magasin paternel. Il imprime la surface de la toile d'empreintes créées par les gestes automatiques et énergiques des arts martiaux qu'il pratique.
Mises en boîte et colères brûlantes...
Dès 1959, Arman passe de l'informel à l'objet. En contact direct avec son époque, il utilise les objets produits par la société de consommation comme matière artistique. Cinquante ans avant notre intérêt pour la défense de l'environnement, il crée sa première «Poubelle», déversant le contenu des détritus ménagers dans un bocal en verre. On y trouve des boîtes de cigarettes et de camembert, des verres cassés, des papiers gras, mais pas encore de sacs en plastique... En 1970, avec l'arrivée de la résine polyester, Arman incorpore des volumes beaucoup plus importants comprenant des déchets périssables. En 1959, il commence ses «Accumulations». Il remplit des boîtes transparentes de multiples exemplaires d'un même objet: scies, fers à repasser, machines à écrire, ampoules ou autres escarpins... Parfois, il les entasse en vrac; parfois, il les dispose avec soin, comme ces poupées cassées du «Massacre des Innocents». Il prend acte de la production industrielle massive comme nouvelle réalité. En 1961, Arman réalise une première «Colère» en détruisant des meubles de style Henri II, symbole de la tradition classique française. Pour chaque «Colère» ou «Combustion», l'artiste sauvegarde l'identité de l'objet. Fragilisé, celui-ci évoque l'esthétique de la ruine, du temps qui passe. C'est ainsi qu'il découpe violons et banjos, démantèle voitures, télévisions, coffres-forts et pianos, «truffés de dynamite». Parti vivre à New York, où il mourra en 2005, Arman «refait le peintre» en faisant couler des tubes bruts de couleur dans du polyester. Réflexion sociologique, méditation sur le temps... l'artiste est une figure emblématique de l'art du XXesiècle. Exposition pratique Au Centre Pompidou jusqu'au 10janvier. Tél.01.44.78.12.33. Internet: www.centrepompidou.fr
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